Hachem devient le bouclier de Yakov
La paracha de cette semaine fait le récit des épreuves imposées à Yakov afin qu’il soit jugé digne d’entrer dans le service :
le rêve de Yakov, puis sa romance avec Ra’hel près du puits à Haran.
Rivka a reçu des informations : Essav a décidé dans son cœur de tuer son frère Yakov après la mort de son père Ytsak.
Comment Rivka a-t-elle su qu’Essav avait décidé dans son cœur de tuer son frère Yakov ?
La réponse que donne la tradition juive est simple, Rivka était une prophétesse.
Elle a reçu la révélation.
Essav n’a pas partagé avec Rivka son intention, car il l’avait dessiné dans son coeur.
Essav prit Yakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée. Et Éssav se dit en lui même: « Le temps du deuil de mon père approche ; je ferai périr Yakov mon frère.
Genèse 27:41
Comment Rivka a-t-elle connu le plan d’Essav ?
Et Rivka fut informée des desseins d’Essav son fils aîné. Elle fit appeler Yakov, son plus jeune fils et lui dit « Écoute, Essav ton frère veut se venger de toi en te faisant mourir.
Genèse 27:42
Qui pouvait rapporter à Rivka ce qu’Essav pensait ?
Rachi répond à cette question :
Rachi : On raconta à Rivka C’est l’Esprit Saint qui l’a informée de ce que ‘Essaw méditait en son cœur (Beréchith raba 67, 9).
Le Saint Esprit sonde le coeur, entend la décision d’Essav et la rapporte à Rivka.
Nous pouvons retirer de cela deux enseignements :
– Que Rivka était réellement une prophétesse comme le rapporte la tradition rabbinique.
– Que le Saint Esprit parle au coeur des croyants.
Essav a une intention meurtrière, mais a toujours du respect pour son père Ytsh’ak.
Il ne veut pas lui causer de chagrin.
Cela montre que même les criminels meurtriers ont une certaine humanité, du respect et de l’amour pour les personnes qu’ils vénèrent.
Rivka dit à Ytsh’ak qu’elle ne veut pas que son fils prenne femme parmi les cananéennes.
Elle ordonne à Yakov de partir rapidement de Beer Cheva et de se rendre chez son frère Laban à Haran, dans le nord de la Syrie.
Yakov part seul pour Haran.
Il arrive à Béthel (« la maison de D.ieu »). Le nom de l’endroit est Luz avant que Yakov ne le renomme Bethel :
Il appela cet endroit Béthel ; mais Louz était d’abord le nom de la ville.
Genèse 28:19
Yakov arrive fatigué. Il veut dormir. Il est écrit dans Genèse 28:11 qu’il arrive à « מָּקוֹם Makom » (l’endroit).
Il arriva dans un endroit où il établit son gîte, parce que le soleil était couché. II prit une des pierres de l’endroit, en fit son chevet et passa la nuit dans ce lieu.
Genèse 28:11
Rachi : Il atteignit l’endroit. Le texte ne spécifie pas le nom de l’endroit. Il s’agit d’un « endroit » mentionné ailleurs, à savoir le Mont Moria (‘Houlin 91b), ainsi qu’il est écrit : « il vit “l’endroit” de loin » (supra 22, 4).
Makom dans la tradition est aussi un des noms du divin.
Dans son sommeil, Yakov voit une très grande échelle sur laquelle montent et descendent les anges.
On pourrait penser qu’une échelle reliant la terre au Ciel permettrait aux anges de descendre puis de remonter…
Pourtant nous lisons le contraire.
Cette vision nous enseigne que les anges font passer la situation de Yakov de la Terre au Ciel.
Ils plaident pour le sort de Yakov :
13 Puis, Hachem apparaissait au sommet et disait : « Je suis Hachem, le D.ieu d’Avraham ton père et d’Ytsh’ak ; cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donne à toi et à ta postérité. 14 Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. 15 Oui, je suis avec toi ; je veillerai sur chacun de tes pas et je te ramènerai dans cette contrée, car je ne veux point t’abandonner avant d’avoir accompli ce que je t’ai promis.
Genèse 28: 13-15
Rachi : Se tenait sur lui. Pour le protéger (Beréchith raba 69, 3).
Hachem Lui-même le protège, le rassure sur son avenir et affirme que les promesses faites à son grand-père Avraham sont toujours en vigueur.
Yakov a besoin d’être rassuré, car sa situation n’est pas bonne.
Hachem encourage Yakov dans ce moment critique de sa vie.
C’est un moment où tout le plan messianique est en jeu.
Après l’épisode des bénédictions prises à son frère, Yakov a besoin d’être rassuré sur la promesse,
sur la présence d’ Hachem dans sa vie et à propos de son retour sur la terre de la promesse.
Yakov a besoin d’être encouragé pour sa situation présente et future.
Au cours des 21 années suivantes, Yakov sera trompé, utilisé et abusé… Hachem savait ce qui attendait Yakov. Il l’encourage et lui donne la force de continuer.
Essav est un guerrier, un homme qui a l’habitude de lutter contre les forces extérieures.
Yakov est son opposé et peut être considéré (par certains) comme une personne ringarde.
Les enfants ayant grandi, Ésaü devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme inoffensif, vécut sous la tente.
Genèse 25:27
Yakov se retrouve avec le droit d’ainesse et la bénédiction d’Essav : il doit maintenant aussi prendre ses Midot (attributs).
Il doit prendre la mission d’Essav, en plus de la sienne. Il lui faut donc devenir Essav lui-même, pour ensuite devenir Israël.
Yakov ayant été revigoré par Hachem, arrive à Haran, confiant. Il roule seul la lourde pierre recouvrant le puit d’eau à Haran, afin d’impressionner la belle jeune bergère qui amène le troupeau de son père boire au puit.
Yakov n’est plus « l’homme inoffensif, habitant qui vit sous la tente ».
Tout ce changement, toute sa hardiesse vient du fait de l’encouragement d’Hachem.
Immédiatement après ce rêve, Yakov négocie avec Hachem, il fait un « nédèr » (un voeu).
20 Yakov prononça un vœu en ces termes : « Si le Seigneur est avec moi, s’il me protège dans la voie où je marche, s’il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir ; 21 si je retourne en paix à la maison paternelle, alors le Seigneur aura été un D.ieu pour moi 22 et cette pierre que je viens d’ériger en monument deviendra la maison du Seigneur et tous les biens que tu m’accorderas, je veux t’en offrir la dîme. »
Genèse 28: 20-22
Yakov n’est plus naïf. Il fait un voeu et ce voeu va sceller une alliance entre lui et Hachem.
Hachem fait des alliances avec les hommes et avec son peuple. Il est lui même lié par cette alliance et ne peut en aucun cas la briser.
Le « nédèr » est le contraire, ce n’est pas Hachem qui fait alliance avec nous, c’est nous qui passons un contrat avec Hachem.
La différence c’est qu’Hachem sait ce qu’il fait, et pas nous !
Ce n’est pas une mince affaire de faire un voeu. C’est un véritable engagement de tout notre être.
Si vous faites une promesse à Hachem, ou un vœu, vous devez la tenir à tout prix.
La seule excuse pour ne pas tenir son engagement envers Hachem est un cas de force majeure :
Hachem Lui-même fait tout pour vous empêcher de tenir ce vœu.
Dans un nédèr, on prend un engagement envers Hachem devant le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment.
Tes paroles scellent un contrat et créent une réalité spirituelle.
C’est la raison pour laquelle Yéchoua enseigne dans les Evangiles que nous ne devrions pas faire de vœux.
Un exemple de voeu qui coûte cher :
Dans acte 18, Paul demeure six mois à Corinthe. Dans les derniers temps, les Juifs menèrent Paul devant le tribunal, qui le relaxa.
18 Paul resta encore assez longtemps à Corinthe. Ensuite il prit congé des frères, et s’embarqua pour la Syrie, avec Priscille et Aquilas, après s’être fait raser la tête à Cenchrées, car il avait fait un voeu. 19 Ils arrivèrent à Éphèse, et Paul y laissa ses compagnons. Étant entré dans la synagogue, il s’entretint avec les Juifs, 20 qui le prièrent de prolonger son séjour. 21 Mais il n’y consentit point, et il prit congé d’eux, en disant: Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem. Je reviendrai vers vous, si D.ieu le veut. Et il partit d’Éphèse.
Actes 18:18-21
Donc analysons la situation :
Paul passe devant le tribunal, puis il fait un voeu, nous pouvons déduire que ce voeu est de monter a Yérouchalaïm.
Deux chapitres plus loin, nous retrouvons Paul toujours lié par son voeu :
Et maintenant voici, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y arrivera ;
Actes 20:22
Paul avait résolu de passer devant Éphèse sans s’y arrêter, afin de ne pas perdre de temps en Asie ; car il se hâtait pour se trouver, si cela lui était possible, à Jérusalem le jour de la Pentecôte.
Actes 20:16
Paul est résolu d’accomplir son voeu, qui trouvera son apogée dans Actes 21, où il se retrouve devant les apôtres à Yérouchalaïm.
Pour vérifier son adhérence à la Torah de Moché, les apôtres lui demandent de faire un voeu, lui et quatre autres disciples.
Ce qui va l’amener devant les tribunaux romains.
Cela nous montre l’importance des Nédarïm (voeux). Il ne faut pas prendre cela à la légère. Paul le savait et il a accompli expressément son voeu.
Mais ce voeu a eu des conséquences.
Résumons la situation :
Paul se dispute avec les Juifs de Corinthe, car il justifiait sa foi en Yéchoua. Il passe devant un tribunal romain, qui ne veut pas s’occuper de son cas.
Après cet épisode, il part de Corinthe et fait un voeu. Je pense que ces deux événements sont liés.
Paul se retrouve lié par son voeu sans en connaitre la portée, est pressé par l’Esprit, contraint de se rendre à Yérouchalaïm.
Arrivé à Yérouchalaïm, il comparait devant les apôtres, réitérant son adhérence à la Torah de Moché et cela le conduira devant les tribunaux romains.
Nous voilà revenus au point de départ.
Hachem se comporte avec nous « mida kénégued mida » (mesure pour mesure).
Hachem se comporte avec nous comme nous nous comportons avec Lui et avec autrui.
Le « nédèr » n’est pas une chose à prendre à la légère. Laissons plutôt Hachem faire des alliances, car Il sait ce qu’Il fait.
L’Histoire de Paul est similaire à celle de Yakov :
tous les deux sont encouragés par Hachem, font un voeu, se retrouvent dans une situation similaire d’avant leurs voeux.
Paul se retrouve devant un tribunal romain et Yakov se retrouve dans une lute avec Essav.
Que ces deux exemples nous servent de leçon.
Kol Touv.