paracha Yitro

Hachem, l’individu, la communauté 

 

 

Ce chabat, nous lisons la paracha Yitro.

Cette partie importante de la Torah relate le don des Dix Commandements à la nation d’Israël par Hachem, Ils constituent le cœur de la Torah.

La paracha Yitro exprime un grand changement d’intention.

Jusqu’à présent, le récit se focalisait sur les individus, il vise maintenant le groupe.

 

C’est un énorme changement dans la façon de percevoir Hachem. 

Examinons cela de plus prêt car la question est sérieuse :

mon objectif principal est-il ma connexion personnelle avec Hachem, ou avec mon peuple ? Quelle est notre connexion en tant que nation d’ Hachem ?

 

Les dix commandements et l’individu

 

Commençons par les Dix Commandements, cœur de la Torah, fondement même de la Torah, essence de la loi divine pour les êtres humains. 

Huit des dix commandements servent de base à une société humaine saine et appropriée.

 

Notre société pourrait être sûre, saine et forte si les gens respectaient les commandements de « ne pas voler »,

« ne pas assassiner » et « ne pas envier ».

Il y aurait moins d’abandon des seniors si nous honorions nos parents  en prenant soin d’eux, au lieu de ne penser qu’à nous-mêmes.

Le jour du repos est aussi très important pour l’humanité. 

 

Si nous gardions vraiment un jour de grande liberté pour tout le monde, toutes les couches sociales seraient à égalité.

Pendant ce jour de repos, la société ne considérerait plus le travail, le directeur, l’ouvrier, l’esclave, le maître …

les gens seraient égaux en se reposant tous une fois par semaine.

 

En effet, les Dix Commandements sont les grands principes de la Torah.

Le premier commandement est beaucoup plus personnel :

 

Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

Exode 20:3 (Segond 1910) 

 

Nous vivons dans un monde binaire. Oui ou non, plus ou moins, pour ou contre. 

Notre monde est géré par des ordinateurs et des machines ingénieuses qui fonctionnent sur ce principe simple. Il y a ou il n’y a pas, vrai ou faux. 

Chaque pièce de monnaie a deux faces et il en va de même pour tout dans la vie. 

Si vous soutenez quelque chose, vous vous opposez à ce qui s’y oppose. 

Chaque « oui » définit également un « non ».

 

Hachem commence les Dix Commandements en nous disant ce qui est vrai, ce qui est juste et qui est le Créateur de l’univers.

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant Moi. » 

Dans la mesure où nous croyons en Hachem, nous devons nous opposer aux idoles, aux autres d.ieux, aux autres doctrines. 

Et non, Allah n’est pas D.ieu, du moins ce n’est pas lui qui a fait sortir d’Egypte le peuple d’Israël. 

Alors oui, nous devons nous opposer à Allah et à toute autre idole.

 

Un changement dans le récit

 

Notre paracha se distingue en ce qu’elle marque un tournant dans la manière dont l’individu et le groupe sont traités.

 

Avant l’Exode d’Egypte, nous avons une description détaillée de la création du monde, et nous nous concentrons sur la vie privée de nos ancêtres. 

 

Nous entrons dans les aspects les plus intimes de la vie d’Avraham. 

Nous entendons parler des problèmes d’Agar, nous entendons parler du père qui aime Esav et de la mère qui aime Yakov.

Nous entrons dans les détails de la vie de Yakov, il y a de la haine, de l’amour et de la jalousie, c’est un feuilleton biblique.

Tout cela se passe avant la sortie d’Egypte. Après la sortie d’Egypte, il y a un changement. 

Ce Chabat nous découvrons des détails très intéressants sur la vie privée de Moché :

 

Jéthro, prêtre de Madian, beau père de Moïse, apprit tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et pour Israël son peuple, lorsque l’Éternel avait fait sortir Israël de l’Égypte 2 Alors Jéthro, beau-père de Moïse, emmena Séphora, épouse de Moïse, qui la lui avait renvoyée. 3 Il emmena aussi ses deux fils, l’un nommé Gersom, « car, avait-il dit, je suis un émigré sur une terre étrangère »; 4 l’autre nommé Eliézer, « parce que le Dieu de mon père m’est venu en aide et m’a sauvé du glaive de Pharaon. » 5 Jéthro, beau-père de Moïse, vint, avec les fils et la femme de celui-ci, trouver Moïse au désert où il campait, près de la montagne du Seigneur. 6 Il fit dire à Moïse: « Moi ton beau-père, Jéthro, je viens à toi avec ta femme accompagnée de ses deux fils. »

                      Exode 18:1-6 (traduction du Rabbinat)

 

C’est seulement maintenant, et en passant, que nous apprenons un événement important dans la vie de Moché:

le départ de sa femme Séphora et de ses deux fils… 

Et nous avons mille questions. Quand est-ce arrivé ? Pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce un commandement d’Hachem ?

Ou la décision personnelle de Moché ? Qu’est-il arrivé à Séphora après cette rencontre ? Toutes ces questions restent sans réponse.

Si cet événement dramatique s’est produit avant l’Exode, il est raisonnable de supposer que la Torah nous fournirait de nombreux détails.

Ce silence n’est pas fortuit.

La Torah ne se rapporte pas à cela car nous parlons de la vie privée de Moché et de sa famille.

Désormais, ce qui se passe dans la famille de Moché ne nous regarde pas, contrairement à celle des patriarches.

 

Nous sommes une nation, nous ne sommes plus seulement  une famille. 

Nous étions une famille, métaphoriquement, nous nous asseyions près du feu la nuit et parlions de ce qui se passait dans la famille, de nos problèmes. Ces jours sont révolus, nous avons grandi et nous sommes devenus une nation.

 

Le don de la Torah est aussi une affaire nationale.

Il est possible que les patriarches n’aient pas eu besoin de la Torah.

Au sein de l’unité familiale, tout est déterminé par le dialogue, et les patriarches parlaient directement à Hachem ;

un système organisé de lois n’était pas utile.

 

Maintenant, après l’Exode d’Egypte et la naissance d’une nouvelle nation, un système organisé de lois, la « Torah » est nécessaire.

Avant la création de la nation, la Torah était orale et personnelle. Après le don de la Torah à la nation d’Israël, elle devient un code de loi nationale, donné pour l’organisation et le bon fonctionnement d’une nation.

Ce code national est là pour gérer une société composée d’individus ayant rencontré Hachem personnellement au mont Horeb

et qui ont pour mission de transmettre ces lois à leurs descendants.

 

Nous faisons partie d’un peuple

 

Revenons aux Dix Commandements, Hachem donne le fondement de la future société Israël : La Torah.

Cette Torah est la loi divine qui gère les rapports entre Hachem et les Hommes ainsi que les êtres humains entre eux.

Dans le don de la Torah, Hachem choisit de se présenter non comme le Créateur du monde,

mais comme D.ieu qui a amené le peuple d’Israël hors d’Egypte. 

 

Notez qu’Hachem ne se présente pas non plus comme le D.ieu de nos ancêtres,

ou comme l’exécutant des promesses faites à Avraham, Yts’hak et Yaakov. 

Au lieu de cela, Il se présente comme le D.ieu qui a fait sortir le peuple d’Israël d’Égypte et, ce faisant, a créé la nation d’Israël.

 

(1) « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. (2) « Tu n’auras point d’autre dieu que moi. 

                                         Exode 20:2 (traduction du Rabbinat)

 

C’est un point très important, un point clé pour nous et nos enfants. 

Hachem exige de nous que nous nous souvenions de la sortie d’Égypte à Pessa’h (la Pâque), pendant le Chabat et pendant les fêtes. De nombreux versets nous ordonnent de nous souvenir de ce jour :

 

Tu ne dois pas manger de pain levé avec ce sacrifice; durant sept jours tu mangeras en outre des azymes, pain de misère, car c’est avec précipitation que tu as quitté le pays d’Egypte, et il faut que tu te souviennes, tous les jours de ta vie, du jour où tu as quitté le pays d’Egypte.                              

Deutéronome 16:3 (traduction du Rabbinat)

 

En tant que croyants en Yéchoua, nous faisons partie de ce peuple que D.ieu a racheté et fait sortir d’Égypte.

Nous ne sommes pas détachés de l’histoire et nous ne nous tenons pas devant Hachem simplement en tant qu’individus. 

Notre droit est soumis à celui du peuple, le peuple d’Israël.

D’une main puissante et d’un bras étendu, Hachem nous a fait sortir d’Égypte pour nous conduire dans la Terre Promise.

La Torah exige de nous que nous nous souvenions de cela toute notre vie. 

 

Hachem est le D.ieu du peuple, de la communauté. Hachem n’est pas mon propre D.ieu individuel, du moins pas comme Il était le D.ieu d’Avraham, d’Yts’hak ou de Yaakov.

Désormais, D.ieu habite dans le peuple, D.ieu habite dans le groupe et je fais parti du tout.

 

Et je résiderai au milieu des enfants d’Israël et je serai leur Divinité. 46 Et ils sauront que moi, l’Éternel, je suis leur Dieu, qui les ai tirés du pays d’Égypte pour résider au milieu d’eux; moi-même, l’Éternel, leur Dieu !

Exode 29:45-46 (traduction du Rabbinat) 

 

L’importance du groupe

 

La Torah comporte plusieurs parachiot dans lesquelles se trouvent des passages clés (Paracha Bréréchit et la Paracha Yitro). 

Dans Paracha Bréréchit, nous assistons à la création de l’homme et au fait que l’homme n’est pas censé être seul :

 

 L’Éternel-Dieu dit: « Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide digne de lui. »

Genèse 2:18 (traduction du Rabbinat)

 

Dans Paracha Yitro, nous voyons qu’une nation est née, le groupe, et encore une fois l’homme n’est pas censé être seul,

même s’il a une relation personnelle , vraie, avec Hachem.

Quelle est la signification du minyane dans le judaïsme ? L’obligation de prier avec au moins dix personnes.

Neuf personnes, aussi justes soient-elles, ne créent pas de minyane. 

Le minyane a été créé par dix. Quand ils sont ensemble, selon la compréhension juive, la Présence Divine habite parmi eux. 

 

Cela signifie que cela ne dépend pas de l’identité des fidèles, mais de leur adhésion au peuple.

A partir de dix (myniane) se forme une entité « Peuple » ou repose la présence divine.

Dans la même idée Yéchoua nous dit :

 

Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.

Matthieu 18:20 (Segond 1910)

 

Yéchoua nous enseigne que sa présence repose là où s’unissent les croyants. 

Nous avons une relation personnelle avec le divin au sein d’une nation.

Je fais partie d’une société, d’une famille, d’une communauté,  d’une nation et Hachem habite en nous, pas seulement en moi.

 

L’expression biblique de la punition la plus sévère que l’on puisse recevoir est :

 

Un mâle incirconcis, qui n’aura pas été circoncis dans sa chair, sera exterminé du milieu de son peuple: il aura violé mon alliance.

Genèse 17:14 (Segond 1910)

 

Sept jours durant, vous mangerez des pains azymes; surtout, le jour précédent, vous ferez disparaître le levain de vos maisons. Car celui-là serait retranché d’Israël, qui mangerait du pain levé, depuis le premier jour jusqu’au septième.

Exode 12:15 (traduction du Rabbinat) 

 

Sans entrer dans une interprétation profonde de la punition, nous pouvons apprendre que la punition la plus sévère est l’excommunication,

pour exclure la personne du groupe.

Ce n’est pas pour rien que nous sommes appelés « le Corps du Machiah’,

l’Apôtre Paul nous appelle les mains, les pieds, les oreilles et les yeux (1 Corinthiens 12:12).

 

Nous sommes un seul corps, chaque personne est différente, chacun a des dons différents, mais nous sommes tous un seul corps au final.

 

Dans la Haggadah de Pessah’, le fils méchant est dépeint comme quelqu’un qui se retire de la communauté et demande :

« Quel est ce service pour vous ? » Il fait référence à « vous » et non à « nous ».

Le but de tout croyant doit être la communauté et non l’individualité.

Dans cette même optique Yéchoua, nous montre la lourde responsabilité que nous avons de retrouver ceux qui ont quitté la communauté  :

 

10 Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. 11 Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. 12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? 13 Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. 14 De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits.

Matthieu 18:10-14 (Segond 1910)

 

Yéchoua nous parle d’une personne qui a quitté le groupe, a quitté la communauté, a quitté le droit chemin, une personne qui s’est perdue. 

Yéchoua nous enseigne notre devoir d’aller aider cette personne. 

Il y a là un message profond sur la responsabilité sociale d’une personne envers son prochain.

 

L’enseignement de Yéchoua exprime ici la pleine intention du dicton : « Tout Israël est responsable les uns des autres ».

Cette question peut également inclure les biens matériels de la communauté, propriété du groupe.

Comment percevons-nous ces biens ? Sur ce point, nous devrions être plus vigilants. 

 

À la maison, nous ne laissons pas un verre par terre, quelqu’un pourrait accidentellement le renverser.

Nous ne laissons pas des restes de nourriture sur le sol. 

Nous ne laissons pas non plus l’assiette dans laquelle nous avons mangé sur la table pour que quelqu’un d’autre la nettoie. 

Nous devons nous soucier des affaires de la communauté autant que de nos affaires privées.

Il est bon pour nous de comprendre qu’Hachem n’est pas seulement en moi. 

Au contraire, Il se trouve à l’intérieur de nous en tant que groupe

et nous devons être plus prudents dans notre attitude envers ceux qui nous entourent.

 

En conclusion

 

Après la sortie d’Egypte, on assiste à un changement de perception,

de l’individuel vers le collectif et la présence d’ Hachem se retrouve dans une communauté d’individus.

Nous avons un vrai besoin de société et de vie sociale. Dans notre foi, il y a un vrai besoin d’amis dans la foi, d’amis dans la prière. 

 

Les principales prières de la Bible sont au pluriel, et s’adressent à la communauté : 

« Écoute, ô Israël : Hachem notre D.ieu, le Seigneur est un… » « Notre D.ieu » « le D.ieu du peuple d’Israël et du monde entier ».

« Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite… » 

 

Notre Père est le Père de tous et pas seulement le mien.

Nous avons une responsabilité collective, les uns envers les autres.

Nous avons des droits, mais nous avons aussi des obligations.

Dans la communauté il y a des besoins.

Nous avons pour devoir de nous porter volontaires afin de servir le groupe.

 

Kol touv.