Paracha Vayechev

Les mots comptent

 

 

Qu’est-ce qui n’allait pas entre Yossef et ses frères ?

 

L’histoire de Yossef est bien connue.

Célèbre pour son intrigue dramatique aux divers rebondissements, elle se termine finalement par une fin heureuse.

On en a même fait un dessin animé.

L’histoire de Yossef est constituée d’ intenses conflits avec ses frères.

D’où viennent les querelles entre les fils de Yakov ? 

 

Le fils préféré.

 

Le dernier tiers du livre de la Genèse du chapitres 37 à 50 tourne autour de la personne de Yossef. 

Yossef est important. Il est l’image de Yéchoua, le Machiah’ ben Yossef, souffrant.

Nous sommes dans les pérégrinations de Yakov, entremêlées de celles de Yossef.

Yossef monopolise le devant de la scène alors que Yakov n’est pas décédé.

Notre Paracha commence :

 

1 Jacob demeura dans le pays de Canaan, où avait séjourné son père. 2 Voici la postérité de Jacob. Joseph, âgé de dix-sept ans, faisait paître le troupeau avec ses frères ; cet enfant était auprès des fils de Bilha et des fils de Zilpa, femmes de son père. Et Joseph rapportait à leur père leurs mauvais propos. 3 Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu’il l’avait eu dans sa vieillesse ; et il lui fit une tunique de plusieurs couleurs. 4 Ses frères virent que leur père l’aimait plus qu’eux tous, et ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié.

Genèse 37:1-4 (Segond 1910)

 

La Torah parle des Toldot (descendances) de Yakov.

Et là où l’on aurait pu avoir une énumération des fils de Yacov, on ne parle en fait que de Yossef.

La torah parle de Yossef.

Il est l’épicentre des conflits au sein de la famille de Jacob.

 

De nombreux enseignements différents expliquent la source de l’animosité entre Yossef et ses frères.

Certains mettent en exergue le fait que Yakov ait favorisé Yossef, d’où les jalousies et les conflits entre frères…

D’autres instiguent Yossef à l’origine des querelles filiales :

 

le récit de ses rêves le montrant en position élevée par rapport à ses frères, son propre père et sa mère se prosternant devant lui (Gen. 37:5-11). 

Je crois qu’il y a du vrai dans ces deux explications. Cependant, voici une autre source de conflit.

 

Résoudre les conflits familiaux

 

Comme nous le lisons au début de Genèse 37, Yakov envoie Yossef rendre visite à ses frères dans les champs.

Ceux-ci font paître les troupeaux. Yossef voit ses frères et retourne vers son père pour lui faire un rapport.

Nous lisons la phrase suivante dans les versets ci-dessus :

 

« …Et Joseph débitait sur leurs comptes des médisances à leurs pères » – (Gen. 37:2) version sepharim (traduction du rabbinat par Jacques KOHN)

Les mots « …mauvais propos… » est une bonne traduction littérale de l’hébreu : דִּבָּתָם רָעָה  Dibatam Ra’ah.

 

Yossef débite des mauvais propos au sujet de ses frères.

Certaines traductions disent « médisances ». 

Quelles que soient les causes du conflit entre Yossef et ses frères, le fait que Yossef disent du mal (de ses frères) envenime la situation. 

 

Le mot hébreu, דִּבָּה  dibah , qui est utilisé dans se passage, est traduit aussi par :

propos, mauvais propos, décrié, calomnie, renommée, médisance.

Ce mot דִּבָּה  Dibah est trouvé 9 fois dans le Tanah’.

La première fois, c’est dans notre verset et les autres fois dans l’histoire des méraglim (espions) partis espionner la Terre Promise.

 

Et ils décrièrent le pays qu’ils avaient exploré, en disant aux enfants d’Israël: « Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays qui dévorerait ses habitants ; quant au peuple que nous y avons vu, ce sont tous gens de haute taille.

Nombres 13:32

 

Bien que Yéhochoua (Josué) et Calev rapportent de bon propos sur le pays,

les dix espions font un « mauvais propos » ( דִּבָּה – Dibah ) et font pécher toute la congrégation d’Israël.

 

Le mot דִּבָּה – Dibah est toujours utilisé de manière négative et porte le sens de médisance… dire quelque chose de mal contre une autre personne. 

Nous voyons comment ce mot est utilisé dans le livre des Proverbes :

 

Dissimuler la haine est le fait de lèvres mensongères ; qui débite des calomnies est un sot.              

Proverbe 10:18

 

Nous lisons à propos de celui qui « des calomnies » en hébreu  מוֹצִא דִבָּה , Motzi Dibah , celui qui produit la calomnie ou celui qui produit un mauvais rapport. `

Celui qui parle de cette façon, est considéré comme un sot, un idiot !

 

Nous savons qu’Hachem a utilisé la situation familiale tendue entre Yossef et ses frères.

Il a finalement accompli  son plan de salut pour le monde, en envoyant Yossef en Égypte,

mais le lachon hara לָשׁוֹן הָרַע (mauvaise parole) de Yossef est la source originale des luttes familiales intestines selon le texte.

 

Il est facile de dire du mal des autres, de faire du lachon hara (parole mal), de calomnier une personne et de se concentrer sur ses défauts.

C’est pourquoi nous devons faire attention à nos paroles et nous rappeler qu’Hachem est le juge ultime.

 

S’attaquer à la source du conflit.

 

Les conflits internes dans les familles existent, tout comme dans le corps du Machiah’.

Partout où il y a des relations humaines, il y aura des possibilités de conflits et de lachon hara.

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter les conflits et rechercher la paix les uns avec les autres. 

Comprendre la source de nos conflits est important. 

Nous devons à juste titre défendre les torts qui nous sont faits en prenant soin de ne pas être à la source d’un conflit, suite à nos mauvais propos. 

 

Nous lisons l’exhortation suivante dans le livre de Jacques concernant les conflits entre nous :

 

1 D’où viennent les luttes, et d’ou viennent les querelles parmi vous ? N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? 2 Vous convoitez, et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et envieux, et vous ne pouvez pas obtenir ; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. 3 Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. 4 Adultères que vous êtes ! Ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Hachem ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi d’Hachem. 5 Croyez-vous que l’Écriture parle en vain ? C’est avec jalousie qu’Hachem chérit l’esprit qu’il a fait habiter en nous. 6 Il accorde, au contraire, une grâce plus excellente ; c’est pourquoi l’Écriture dit : Hachem résiste aux l’orgueilleux, Mais il fait grâce aux humbles. 7 Soumettez-vous donc à Hachem ; résistez au diable, et il fuira loin de vous. 8 Approchez-vous d’Hachem, et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos coeurs, hommes irrésolus. 9 Sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. 10 Humiliez-vous devant Hachem, et il vous élèvera. 11 Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es pas observateur de la loi, mais tu en es juge. 12 Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre ; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ?

Jacques 4:1-12 

 

Nous serions avisés de toujours vérifier que la source du conflit dans nos relations ne soit pas de notre faute.

Les conflits ne doivent pas venir de nos désirs égoïstes pour satisfaire notre chair. 

Les conflits nous incitent au lachon hara.Il faut rester vigilant et ne pas s’y adonner.

Nous devons également faire attention à ne pas juger les autres en nous mettant à la place de D.ieu.

 

Soyez humble et parlez de la vie.

 

Les versets ci-dessus du chapitre 4 de Jacques sont un outil d’introspection et une bonne vérification spirituelle de nos motivations dans nos relations. 

Si Yossef avait appliqué cette instruction à sa situation avec ses frères, il n’aurait peut-être pas eu à endurer ces treize années d’esclavage et de prison avant d’être élevé à la cour de Pharaon.

 

Nous humilier régulièrement en présence du Seigneur et faire attention aux paroles que nous disons sont deux bonnes positions de coeur qui minimiseront les conflits avec autrui et nous maintiendront reliés à Hachem.

 

 

Kol Touv.