Paracha Devarim

La décence et la gentillesse doivent précéder la Torah 

 

Lisons le séfer Dévarim (Deutéronome). 

Nous sommes chabat et le 9 AV en même temps.

Nous ne pouvons jeûner Chabat, donc nous jeûnons Dimanche. 

 

Ticha bé Av est un souvenir triste qui doit nous amener à la téchouva (repentir).

Il faut ouvrir notre coeur pour saisir les paroles qu’Hachem nous adresse.

 

Deutéronome et Devarim ou Devarim et Deutéronome

 

Le livre de Deutéronome diffère des 4 autres livres de la Torah:

il est composé presque entièrement du discours de Moché  aux enfants d’Israël dans les plaines de Moab, avant qu’ils n’entrent en Terre d’Israël. 

Moché prépare le peuple à entrer en Terre d’Israël.Sa mort lui a été annoncée.

Yéhochoua bin Noun doit lui succéder.

 

Deutéronome est composé de deux mots grecs :

deutéron, signifiant deuxième (le suivant), et nomos, signifiant la loi.

En d’autres termes, ce livre en grec s’appelle « La deuxième transmission de la loi ».

 

En hébreu ce livre est appelé Dévarim qui signifie :

les paroles.Les maitres d’Israël ont préféré mettre en avant « les paroles » plutôt que de répéter la loi.

 

Deutéronome 1 v 1 Ce sont là les paroles que Moïse adressa à tout Israël en deçà du Jourdain, dans le désert,

dans la plaine en face de Souf, entre Pharan et Tofel, Labân, Hacéroth et Di-Zahab.

 

Les « paroles » de Moché

 

Il serait intéressant de comparer la parole de Moché depuis l’appel du buisson ardent jusqu’au discours de Dévarim.

Si nous prenons l’épisode du buisson ardent, Hachem appelle Moché à son service.

Moché veut décliner l’appel d’Hachem et lui répond :

 

Exode 4 v 10 Moché dit à Hachem: « De grâce, Seigneur ! Je ne suis habile à parler, ni depuis hier, ni depuis avant-hier,

ni depuis que tu parles à ton serviteur ; car j’ai la bouche pesante et la langue embarrassée. »

 

2ème Rachi : Lourd de bouche Je parle avec lourdeur. En italien médiéval : « balbo » (« bègue »).

 

Hachem lui répondit qu’il comprenait son inquiétude, mais qu’il pensait toujours que Moché était toujours la bonne personne pour ce travail.

 

Philippiens 4 v 13 Je puis tout par celui qui me fortifie.

 

A la fin des 40 ans de traversée du désert, juste avant l’entrée dans la future terre d’Israël,

ce même Moché qui bégayait et disait à Hachem qu’il n’était pas fait pour ce travail, a prononcé un discours devant toute la nation d’Israël.

 

Ce discours comprenait tous les événements du passé, depuis le début jusqu’à ce moment.

Le discours mentionnait principalement des avertissements qui ont été donnés aux enfants d’Israël, mais également à tous les croyants,

dans toutes les générations, pour nous empêcher de commettre les mêmes erreurs.

 

Le quota de péchés pour les habitants de la terre d’Israël

 

Au cours du discours, Moché a donné de nombreuses descriptions géopolitiques sur les conquêtes des peuples de Sihon, Og, Moab et Ammon. 

Ce discours fait également état des précédents occupants de la région :

 

Deutéronome 2 v 20,21(Celui-là aussi est considéré comme pays de Rephaïtes: des Rephaïtes l’occupaient d’abord, les Ammonites les appellent Zamzoummîm, 21 peuples grands, nombreux et de haute taille, comme les Anakéens; mais le Seigneur les extermina au profit des Ammonites, qui les vainquirent et les remplacèrent.

 

Moché a dit que les Ammonites ont hérité du pays des Zamzoummîm et qu’Israël a hérité du pays des Ammonites.

Rappelons-nous la promesse faite à Abraham et à sa descendance : Hachem lui donne cette terre.

Pourtant  Le Tout Puissant retarde l’accomplissement de la promesse de 400 ans.

Il y a plusieurs raison à cela :

 

Genése 15 v 16 Mais la quatrième génération reviendra ici, parce qu’alors seulement la perversité de l’Amorréen sera complète. »

 

Les habitants de la terre ont donc un quota d’iniquité à ne pas dépasser.

Une fois le quôta dépassé, ils perdent le droit de posséder la terre, et Hachem distribue cette terre à nouveau. 

Moché nous dit qu’il en était ainsi avec les Zamzoummîm, les Ammonites et les Amoréens.

 

Niveau de moralité

 

Il existe un lien direct entre le comportement moral d’un peuple et sa durée, notamment lorsqu’il occupe la Terre d’Israël. 

Le message s’adresse également à nous, même si nous n’habitons pas tous en Erets Israël.

 

Moché nous explique que les israéliens ne sont pas les premiers propriétaires de la maison,

et qu’elle peut leur être enlevée et donnée à toutes sortes de conquérants, Perses, Babyloniens, Chaldéens, Grecs, Romains, Turcs et Britanniques. 

 

Tout dépend de la volonté du Créateur ainsi que de la quantité de péchés et d’iniquités commis par les habitants de la terre. 

Que l’on soit israélien, israélite ou croyant des nations en Yéchoua notre sort est lié à la terre d’Israël.

Tout est conditionnel, et tout dépend de nous ; nous sommes prévenus.

 

Nous devons comprendre, en tant que croyants, que nous sommes dans le même bateau que la nation d’Israël,

et que l’avenir de chacun est lié à l’avenir du peuple d’Israël. 

Si l’un de nous fait un trou dans le fond du bateau, nous nous noyons tous.

 

Tisha BéAv, Jour de deuil national

 

Le deuxième jeûne le plus important après Yom Kippour est Ticha béAv.

C’est un triste jour de deuil national.

Le prophète Zacharie dans le chapitre 7 aborde la question du jeûne de façon à nous faire réfléchir. 

Les Israélites envoyèrent une délégation de Béthel auprès des prêtres et des prophètes de Jérusalem. 

La délégation est venue demander l’instruction d’Hachem : 

 

Zacharie 7 v 3 « ……..Continuerai-je à pleurer au cinquième mois en pratiquant des abstinences, comme je l’ai fait voilà plusieurs années ? « 

 

La réponse d’Hachem est très nette, elle parait un peu ironique.

Je la paraphrase  :

 

Où étiez-vous lorsque mes prophètes vous ont avertis ?

Où étiez-vous quand il y avait un mal terrible autour de vous, et que vous étiez assis en paix et que vous pensiez être en sécurité,

puis sont venus la destruction et l’exil, comme par surprise ?

 

La question que nous devons nous poser est la suivante : qu’est-ce qui a exactement changé ?

Sommes-nous meilleurs ?

 

Zacharie était un prophète qui réconfortait, il essayait d’encourager le peuple à devenir plus fort,

à surmonter l’exil et à reconstruire le Temple et Jérusalem.

 

Mêmes causes, mêmes effets.

 

Nous sommes dans une situation similaire:

Israël est sur sa terre selon les prophéties.

Ce peuple dispersé parmi les nations est rentré à la maison dans sa grande majorité.

Nous n’attendons plus que le retour de Yéchoua.

 

La question est de savoir si nous avons retenu la leçon.

Pensez-y, le temple que Zacharie encourageait à reconstruire, est le même temple dont Yéchoua a dit qu’il serait détruit :

 

Matthieu 24 v 1-2 Comme Yéchoua s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. 2 Mais il leur dit: Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.

 

Malheureusement cette prophétie s’est accomplie.

 

Nous sommes tous coupables de haine gratuite

 

Il y a deux mille ans, nous n’avons pas appris la leçon. 

La raison de la destruction du Second Temple était due à la haine gratuite. 

Comment une haine peut-elle être gratuite ?

Existe-t-il une telle chose? 

 

On ne peut pas dire que c’est de la haine sans raison, car une telle haine n’existe pas.

Toute haine appartient à celui qui l’a créée.

Parfois, la raison de cette haine est inappropriée, ou une excuse pour justifier un comportement malveillant.

 

La haine a toujours un élément déclencheur :

elle provient d’une source.

La haine peut venir d’une différence d’opinion, de foi, de religion ou de mode de vie. 

 

La haine la plus nocive, la plus dangereuse, est celle déguisée en religion, foi, commandements…

Nous en sommes tous responsables, certains plus que d’autres. 

Nous sommes tous coupables de haine gratuite sur une base religieuse. 

 

Nous nous attaquons avec nos Bibles, lançant des coups de poing aux autres avec notre idéologie. 

Nous insistons sur notre riche tradition, mais nous oublions de nous aimer les uns les autres.

 

Nous (et quand je dis « nous », je veux dire les juifs, les chrétiens et nous-mêmes en tant que communauté en Yéchoua) observons des rituels,

une certaine forme de prière, nos habitudes, les principes de foi, mais oublions que nous faisons partis de la famille des  « ben Adam ».

 

La bonne atitude

 

Comme Zacharie, le prophète Isaïe dit les mêmes choses dans la haftarah de cette semaine, qui sera lue dans toutes les synagogues du monde :

Hachem nous dit, je paraphrase :

 

Pourquoi venez-vous à la maison de D.ieu ? 

Qui vous a demandé ça ? 

Ne venez pas, je ne veux pas vous voir. 

Tout ce que vous faites est une abomination, Chabat, fête et jeûne.

 

Hachem à travers Esaïe disait un message fort :

 

Nous prierons, et Il n’écoutera pas. 

Nous Lui offrirons un sacrifice, et Il n’acceptera rien de nous. 

 

Cela est dû au fait que nous ne nous traitons pas correctement en tant qu’êtres humains. 

Se traiter les uns les autres avec respect va bien au-delà de la religion.

 

L’adage qui dit, « Derekh Erets Kedma laTorah »

ce qui signifie que la décence, le savoir-vivre précède la Torah.

Dans son acception la plus simple, ce principe nous apprend qu’il est impossible à un serviteur dévoué d’ Hachem d’être vulgaire,

arrogant, rude ou désagréable. 

Les deux termes sont en flagrante contradiction. 

 

Un vrai serviteur d’Hachem ne peut pas être impoli ou désagréable car il serait au même niveau qu’un consommateur de viande non-Cachèr.

Hachem a exigé de l’homme qu’il acquiert d’abord, avant l’accomplissement de la Torah, le Dérekh-Erets (savoir vivre). 

 

Voici ce qu’écrit rabbi Haim Vital : « Les traits de caractère, bons ou mauvais, sont ancrés dans la partie basse de l’âme de l’homme ;

au-dessus d’elle est posée sa partie supérieure, de laquelle dépend la réalisation des 613 Mitsvot. 

 

Pour cette raison les traits de caractère ne sont pas inclus parmi les Mitsvot ; ils les précédent… 

Un mauvais caractère est bien pire qu’un péché! 

On comprend maintenant le sens des paroles des Sages : 

 

« Celui qui se met en colère pratique en fait l’idolâtrie » ; 

« celui qui s’enorgueillit nie Le Tout… il mérite qu’on le déracine comme un arbre d’idolâtrie… il ne se réveille pas à la Résurrection des morts » ;

« La Torah ne se trouve que chez celui qui ne se laisse pas aller à la colère ». 

« Celui qui se forge ces trois traits de caractère, est l’élève d’Avraham Avinou ; celui qui en possède trois autres est l’élève de Bilam le méchant. 

Celui qui a un bon œil (généreux), de la modestie, et de la réserve dans la recherche de plaisirs, est l’élève d’Avraham Avinou ;

un mauvais œil, de l’orgueil et qui recherche les plaisirs, est l’élève de Bilam le méchant ».

 

Revenir dans la bénédiction

 

Esaïe disait :  Tu veux que Hachem t’écoute, tu veux retourner à une vie de bénédiction ? Alors :

 

Esaïe 1 v 16-17 Lavez-vous, purifiez-vous, écartez de mes yeux l’iniquité de vos actes, cessez de mal faire. 17 Apprenez à bien agir, recherchez la justice; rendez le bonheur à l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la cause de la veuve. 

 

La réponse de Zacharie est similaire à Isaïe :

 

Zacharie 7 v 9-10 « Ainsi parle l’Eternel-Cebaot: Rendez des jugements de vérité, pratiquez l’un envers l’autre la charité et la pitié. 10 N’opprimez pas la veuve et l’orphelin, l’étranger et le pauvre; ne méditez pas dans votre cœur de méchanceté l’un contre l’autre. 

 

Faites preuve de miséricorde et de compassion les uns envers les autres, pratiquer la vraie justice. 

En d’autres termes, donnez votre vie pour aider vos frères en difficulté,

Yéchoua n’a t-il pas dit qu’il y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères?. 

N’opprimez pas la veuve ou les personnes sans défense. 

Ne laissez même pas l’idée vous effleurer de faire du mal aux autres. 

En d’autres termes : Aime ton prochain comme toi-même.

 

Jacques 1 v 27 La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.

 

L’épître de Jacques va dans le même sens.

 

Notre rôle en tant que croyants en Yéchoua

 

Une des leçons que l’on apprend de Ticha beAv est que je ne dois pas me sentir en sécurité. 

Je ne dois pas me sentir en sécurité dans ma maison, dans ma communauté ou même dans ma foi quand il y a un mal terrible autour de moi.

 

En tant que croyant messianique, nous faisons parti de ce peuple.

En tant que tel, nous montons avec eux vers des sommets et les succès,

mais nous tombons avec eux, dans la punition collective du peuple d’Israël.

Ma seule sécurité est une sécurité intérieure d’appartenir à Hachem.

 

Notre rôle en tant que croyants en Yéchoua est de tendre vers une réparation. 

En hébreu, cette réparation est appelée « Tikoun Olam » (réparation du monde).

 

Notre travail est de soutenir les faibles et les pauvres parce qu’ Hachem entend leurs cris et leur appel à l’aide. 

Malheur à nous si Hachem entend leurs cris et que nous restons les bras croisés,

nous confiant en nous-mêmes et nous estimant justes dans nos voies! 

 

La paracha de cette semaine est une exhortation lourde qui demande un examen de conscience. 

Nous ne pouvons que nous améliorer!

 

On essaye de prévoir les lignes de la délivrance finale,

on scrute la parole pour savoir quand se fera le retour du Seigneur,

mais nous sommes comme les vierges folles qui ne se préparent pas intérieurement, qui ne prennent pas suffisamment d’Huile et qui oublient ce qui fait la force du croyant, son moteur, son essence. 

 

Kol touv.