Une lecture juive des enseignements de Yeshoua

 
Enseignements de Yeshoua dans une pensée juive 
 

Matityahou/Matthieu 7 : 1 – 4 « Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. Oui, du jugement dont vous jugez vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, il sera mesuré pour vous. Tu vois le fétu dans l’œil de ton frère ; mais la poutre, dans ton œil à toi, tu ne l’observes pas. »

 
Commentaire : Il sera mesuré : par HaShem. On retrouve la même formule dans le Talmud de Babylone (Sota 1 : 7). Nous sommes ici en présence d’un cas particulier de la même loi générale qui inspire le Talmud « Mida kénéguen Mida »
 
L’œil de ton frère : Là encore, Yeshoua est dans la droite ligne de la tradition hébraïque (TB Arakhîm 16B et Baba Batra 15/16B) Comme HaShem le fait, l’homme a le devoir de laisser rayonner sur les autres créatures l’amour, et non la dureté. De plus, une humilité bien entendue invite à la prudence dans le jugement. «S’ils osent dire : « Retire l’écharde qui est dans ton œil ! », ils se verront rétorquer « Retire la poutre qui est dans ton propre œil ! » »Baba Batra 15b

  

 

Matityahou/Matthieu 7 : 12 « Aussi, tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur vous-mêmes : oui, voilà la Torah et les Inspirés. »

Commentaire : tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent : Telle est la règle d’or de l’enseignement de Yeshoua, celle qui, selon lui, résume l’ensemble de la Torah et des Inspirés, celle qui exprime l’ultime pensée d’HaShem (voir Luc 6 : 31). Les rabbis donnaient, sous une forme négative, le même enseignement : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit », enseignait Hillèl(Talmud de Babylone, Shabbat, 31a). Yeshoua va encore plus loin que l’enseignement de l’époque, je dirai qu’il devance l’enseignement des Maitres d’Israël.
 
 

Matityahou/Matthieu 9 : 5« Oui, qu’est-il plus facile ? dire ; « Tes fautes sont remises » ou dire : « Réveille-toi et marche ? » »

Commentaire : qu’est-il plus facile ? Le raisonnement que Yeshoua fait ici est en logique talmudique un qal vahomèr, du type : « qui peut le plus peut le moins »
 

 

Matityahou/Matthieu 10 : 40« Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’envoie. »

Commentaire : Yeshoua affirme une certaine identité entre l’envoyé, celui qui le missionne et celui qui l’accueille. Ainsi, les rabbis affirmaient que celui qui accueille son prochain accueille du même coup la présence divine, la shékhina, qu’il porte en lui (Mehilta, Amalek 3). Par surcroît, l’accueil selon Luc est l’entendement de la parole (voir Lc 10 :16), dont le rejet équivaut à celui d’HaShem. Tandis que pour Iohânan l’adhérence requise l’est moins pour la personne même de Yeshoua, détaché de tout lien affectif, qu’essentiellement pour HaShem, dont il est la réplique visible (Jn 12, 44-45).
 
 
Matityahou/Matthieu 12 :12 « Un homme est combien plus précieux qu’un mouton ! c’est pourquoi il est permis le shabbat, de faire du bien »
Commentaire : Une fois de plus, Yeshoua fait un raisonnement du type qal vahomèr, « qui peut le plus peut le moins ». Si on a le droit de soigner un animal le shabbat, à combien plus forte raison doit-on le faire pour guérir un homme. Ce type de raisonnement avait été introduit par l’un des chefs incontestés de l’école des Peroushîm (Pharisien), Hillèl l’ancien, une ou deux générations avant que Yeshoua ne l’emploie ici.
 

 

Matityahou/Matthieu 23 : 2« Il dit : « Sur le siège de Moshè siègent les Sophérîm et les Péroushîm. »

Commentaire : Sur le siège de Moshè : (Talmud de Babylone, Rosh Hashana 25a). Trois rabbis dûment compétents peuvent trancher selon la Torah en matière juridictionnelle.
 
 
 
Mashiah Yeshoua, l’amour du prochain et Les maitres d’Israël
 
« Les Peroushîm, ayant appris qu’il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent, et l’un d’eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l’éprouver : Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Yeshoua lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. »[Matityahou / Matthieu 22 : 34 – 40]

 

« Rabbi Akiva disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah. »[midrach Béréshit rabba 24:8]

 
Ce n’est pas un grand principe uniquement dans la Torah, mais dans l’humanité en général, pourquoi alors dire : « ceci est un grand principe de la Torah »?
 
Rabbi Moché Pallier de Kovrin (le Dvach Hassadé) explique que celui qui étudie la Torah avec assiduité et profondeur, a lui aussi besoin de vérifier si son étude est authentique et agréée par le Ciel. Il doit alors faire passer un test à sa Torah pour vérifier son intégrité. Ce test, c’est l’amour du prochain.
Si cet érudit constate que dans la vie de tous les jours, il considère l’autre, compatit avec lui, tente de l’aider au maximum et lui fait preuve d’intérêt pour lui, alors cela est l’indicateur que sa Torah est valable.
 
En revanche, celui qui se montre indifférent à autrui, n’essaie pas de l’aider et ressent pour lui de l’antipathie voire de la rancœur, alors même s’il s’adonne à l’étude de toutes ses forces, son étude ne sera pas acceptée.
 
Le test pour vérifier la valeur de notre étude, c’est l’amour du prochain.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même », c’est un grand principe dans la Torah, c’est-à-dire que c’est le grand principe pour prouver la qualité de la Torah d’une personne.
 
Kol touv.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sources : Commentaire de André Chouraqui sur le NT, étude personnelle et Torahconnexion.